DIMANCHE 28 NOVEMBRE 2021
Dix jours sans réseau téléphonique, sans une seule information, sans contacts avec l’extérieur. Nous sommes enfermés dans notre microcosme. Le travail nous tient en haleine du matin au soir. Le docteur Luc reçoit des patients qui souffrent de pathologies parfois impressionnantes. Ici, la brucellose touche gravement beaucoup d’habitants. Tout le monde est maigre et résistant à la douleur. Personne ne se plaint. Le dispensaire s’étoffe.
UNE NOUVELLE ETAPE POUR DOUGOUM
Les anciens nomades en arrivent maintenant à une étape importante : faire un choix identitaire… Doivent-ils vivre dans un village traditionnel et touristique ou bien doivent-ils se tourner vers la modernité à la recherche d’un plus grand confort ?
Ils hésitent encore : la modernité ce serait un éclairage public, des rues goudronnées, des bâtiments en béton mais ce serait aussi la banalisation de leur image et la réduction de l’intérêt touristique.
VIVRE AU RAS DU SOL
L’une des questions qui agitent les esprits du village est celle du « niveau de vie. »
« À quel niveau devons-nous vivre ? »
Car jusqu’à présent tout se passe par terre. On cuisine, on mange par terre. On lave, on se lave par terre. On soigne les malades et les blessés par terre. On lit, on écrit à même le sol. Toute la vie se déroule à moins d’un mètre d’altitude. C’est la marque des nomades, des voyageurs qui ne perdent pas de temps, de ceux qui doivent se lever et partir immédiatement en laissant tout le superflu.
S’élever au-dessus imposerait un coût financier exorbitant, mais surtout contraindrait ces personnes à ne plus partir… les nomades deviendraient citadins. Adieu les troupeaux, les pâturages, la vie au cœur de la nature ! Et bonjour la table, les chaises, les fauteuils, les armoires, les étagères et le bureau !
Il est temps de choisir…
COMMUNAUTAIRE OU INDIVIDUEL ?
L’idéal est beau : chacun travaille au projet commun et chacun récolte les fruits de son travail. La réalité est bien éloignée de cet idéal.
Il y a ceux qui ne peuvent pas travailler et ceux qui ne le veulent pas. Il y a aussi ceux qui récoltent sans avoir travaillé…
Quant à ceux qui travaillent, ils cultivent selon l’humeur du moment, sans organisation et souvent sans outils.
Au bout de quelques années, le jardin idéal s’est transformé en propriété privée. Une famille finance un jardinier et vend les récoltes. Pas moyen de faire autrement.
UN SOURIRE LUMINEUX
Ahmed se laissait mourir de faim. Il rejetait toute alimentation. Marie-Claire, puis le docteur Luc ont alerté la famille et les infirmiers de Tadjourah. L’enfant a été hospitalisé à Djibouti pendant plus de 10 jours pour passer des échographies et un scanner. L’AFA de Dougoum a apporté son soutien financier à cette famille complètement démunie. Ahmed l’a bien compris. Dans ses habits neufs, il sourit à la vie.
VIANDE de dromadaire
Voilà 7 jours que des hommes du village ont tué un vieux dromadaire, en pleine nature. Et voilà 7 jours qu’ils le découpent, le désossent, dégustent quelques morceaux et mettent à « mûrir » les autres à l’ombre d’un arbuste où il fait 35 degrés… Ce soir, ils vont racler et ronger ce qu’il reste de viande… Par un malencontreux hasard ou à cause de cuisiniers peu scrupuleux, nous avons avalé, sans le savoir, un peu de cet animal dans une sauce… Nous avons été bien malades !!!
AU REVOIR, GIUMATI
Avec notre départ, la classe de maternelle se retrouve sans enseignant. Pendant presque un mois, Marie-France a formé une aide-maternelle, jeune, souriante, active et respectueuse des consignes. Giumati sera certainement un lien essentiel entre les deux professeurs du Primaire et les 21 élèves de la classe. Nous lui souhaitons une belle réussite et la reconnaissance qu’elle mérite.
LA GOURDE DU BERGER
L’une des spécialités de Dougoum, c’est la création de gourdes pour les nomades. Dès qu’une chèvre est saignée, il faut la dépecer, retourner et racler la peau, fermer les trous naturels, la gonfler, la remplir de feuilles humides pendant une semaine et la mettre à sécher avant de la remplir d’eau. Le berger pourra ainsi en mettre plusieurs sur le dos de l’âne ou du dromadaire pour de longs déplacements en zone désertique.
MAUDITES CHAUSSURES
C’est un spectacle habituel ! A l’entrée de l’école ou de la mosquée ou encore de chaque maison, un nombre important de chaussures attend preneur. Les enfants peu habitués à se chausser ont vite fait de repartir pieds nus en abandonnant leur bien. En fait, ils ont une sorte de mépris pour cette protection qui n’a pas le droit d’entrer dans la moindre pièce. Rappelons-nous par ailleurs que le jet de chaussures vers une personne est un terrible affront.
LA FROMAGERIE DE DOUGOUM
En 2015, j’ai appris aux habitants de Dougoum la technique de la fabrication du fromage de chèvre. Aujourd’hui, ils possèdent une case pour abriter tout le matériel du fromager et pour la confection de cet aliment. L’A.F.A. de Dougoum a financé un congélateur et une glacière pour leur permettre de vendre ce produit à Tadjourah et à Djibouti. Houmed, le responsable, peut ainsi être rémunéré.
UNE COMBATTANTE
Elle était destinée à rester illettrée (on dit à Djibouti « non-éduquée »). À partir de 9 ans, elle s’est battue avec force et courage pour aller à l’école, pour suivre les leçons de Marie-France, puis de Céline. Elle est parvenue à intégrer le collège professionnel grâce a sa seule volonté. Maintenant elle est en passe de trouver un métier. Bravo Loki ! Nous sommes admiratifs !
CADEAUX !
C’est l’heure de la distribution ! De la part de nos amis charentais, nous avons reçu beaucoup de petits cadeaux à transmettre aux Habitants de Dougoum. Des vêtements et des parures ont fait la joie de toutes les mamans du village.
SOLAIRE : EN AVANT TOUTES !
En 2012, Djibouti découvrait l’énergie solaire. 10 ans plus tard, dans un village comme Dougoum, les panneaux fournissent de l’électricité à divers appareils. Les pompes des deux puits, celle du forage, l’ensemble vidéo de l’école, l’éclairage de l’infirmerie, les deux congélateurs du village, la télé et le ventilateur de la salle de réunion, les lampes des vingt familles, les recharges des batteries de téléphone, tout cela fonctionne grâce a la lumière du soleil.
L’ART DES DOUGOUMOISES
Tout le monde le reconnaît : les femmes de Dougoum ont une technique incomparable. Elles produisent une vannerie variée, colorée et très soignée. Beaucoup de promeneurs découvrent dans leur atelier artisanal des paniers, des dessous-de-table, des coupes, des porte-monnaie, qui font l’admiration des plus exigeants.
NASRO
La petite Nasro a 4 ans . Elle a un frère de 2ans et un autre qui vient de naître. Elle va a l’école où elle se montre très active et très ouverte. Au village, elle est un peu l’enfant de tout le monde. Elle joue, sourit, chante et retient l’affection de tous.
CYRIL
Pour réaliser une vidéo, Cyril enregistre les sons de Dougoum. Les enfants chantent et sont curieux d’entendre leurs voix. Cyril travaille sur la promotion du village. Panneaux d’affichage, publicités sur Internet permettront aux touristes de visiter ce village djiboutien et d’améliorer l’économie locale.
MARIE FRANCE À L’ÉCOLE
Marie-France avait lancé l’idée des ateliers avec Karine et Aurélie en 2012. Aujourd’hui, la classe Maternelle tourne à plein régime ! 21 enfants de moins de 6 ans fréquentent les lieux et sont avides de savoir. Marie-Claire a créé cette classe l’an dernier. Il va falloir maintenant passer le flambeau aux deux enseignants du Primaire. Et pérenniser le travail de l’aide maternelle Giumati !
LE SECRET DE L’ENTRETIEN
Le « service après vente », l’entretien de ce qui a été construit ou acheté, est rarement appliqué dans cette région. Faute d’entreprises spécialisées, les nouvelles installations et le matériel le plus récent sont dégradés et abandonnés. Inutile de chercher des coupables, Il est temps encore de réagir, de former des professionnels et de les rémunérer correctement afin que l’entretien des biens devienne monnaie courante.